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Star Gate History
Table of Contents
What is the Star Gate Collection ?
The CIA definition of the collection.

Remote viewing by Jules Romains
An article by Nicolas Maillard about Jules Romains remote viewing experiments.

1916 : The Origin of Remote Viewing
Article from Les Annales des Sciences Psychiques, 1916 (french).

What is the Star Gate Collection ?

« Concerning project Star Gate, pursuant to Congressional mandate, the Central Intelligence Agency collected CIA and Department of Defense records concerned with parapsychological phenomena, mainly « remote viewing », and began a program of review with the intention of declassifying as many of these documents as possible. These records now referred to as the Star Gate Collection, include all available information on the related projects Star Gate, Grill Flame, Center Lane, Sun Streak, Stunt Pilot, Phoenix, and Scanate. (...) »

Letter from M. Lee S. Strickland, Information and Privacy Coordinator of the Central Intelligence Agency, March, 13th, 1997 to Nicolas Maillard

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1916 : The Origin of Remote Viewing

This is a transcript of an original article of the french review Les Annales des Sciences Psychiques, directed by the Nobel prize Charles Richet. For the first time, the expression "remote viewing" is used to describe the faculty of remote perperception. During a conference given in february 1916, a french occultist, M. Bardonnet, proposed experiments for a military application of this faculty.

Annales des Sciences Psychiques

REVUE MENSUELLE

26ème Année - Février 1916 - N°2


Pourrait-on utiliser pour la guerre les phénomènes parapsychiques ?


M. L. Bardonnet a fait sur ce sujet d'actualité, une conférence à l'Hôtel des Sociétés Savantes, le Dimanche 6 février.
Le conférencier est auteur d'un ouvrage : L'Univers Organisme, dont M. Emile Boirac a parlé assez favorablement dans la Revue de Philosophie de M. Th. Ribot. Il pense que les théories philosophiques et scientifiques qu'il a développées dans son livre peuvent contribuer puissamment à l'explication et à la systémation des phénomènes parapsychiques, ou métapsychiques, de telle façon que les facultés de « vision à distance » présentées par quelques sujets pourraient probablement être employées pour découvrir l'emplacement des troupes, des fortifications, des batteries ennemies, etc. Il demande que des expériences soient faites au plus tôt dans ce sens.
L'auditoire, très nombreux, s'intéressa à la conférence de M. Bardonet, aussi bien à cause de l'originalité de ses aperçus que par l'élocution facile et limpide avec laquelle ses pensées furent exposées.
M. de Vesme fit observer que tous les psychistes devaient nécessairement accueillir les théories et les projets de M. Bardonnet avec un scepticisme assez justifié par ce qu'ils connaissent de l'imperfection et de l'inconstance des facultés des « clairvoyants ». Il exprima toutefois l'avis que la proposition du conférencier ne devait pas être écartée a priori, ce qui lui paraissait anti-scientifique.


M. le colonel Frater proposa la nomination d'une Commission chargée d'entreprendre les expériences réclamées par M. Bardonnet. On décida que la Commission serait constituée par le Comité de Direction de la Société.
Le Comité se réunit, en effet, quelques jours plus tard. Tout en reconnaissant que ce que l'on connaît de la clairvoyance ne permet guère d'envisager avec beaucoup de confiance la réussite de ces expériences, il décida de les entreprendre, en faisant appel aux sujets et opérateurs de bonne volonté. En effet, la Société n'ayant ni la volonté ni la possibilité de faire des expériences sur des buts militaires, ceux-ci ne devront être visés que plus tard, par d'autres groupes autorisés, dans le cas où les premières expériences faites par la Société aboutiraient à un résultat favorable . Or ces premières expériences devront se borner à constater si, par les systèmes indiqués par M. Bardonnet, des sujets sont à même de décrire avec une fréquence et une uniformité suffisante, des localités et des scènes lointaines. Cela servira du moins à l'étude des phénomènes de « vision supernormale à distance ».
Les expériences ont déjà commencé avec divers sujets, dont Madame Camille Hoffmann, la. somnambule bien connue qui a servi aux études, des savants de « l'Ecole de Nancy » et. dont on a beaucoup parlé au moment de l'affaire Cadiou, quand elle fit \retrouver le.corps de l'assassiné. Chassée de Nancy par les obus allemands, elle est venue se réfugier à Paris, rue du Mont-Dore, 4.
Les personnes qui auraient des communications à faire au sujet de ces expériences sont priées de s'adresser au Secrétariat de la Société.

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Courtesy of Institut Métapsychique International.


Remote viewing by the french Academician Jules Romains

This historical article presents research conducted in the early XXth century by the french Academician Jules Romains in the field of remote viewing.

By Nicolas Maillard


La vision extra-rétinienne de Jules Romains


Louis Farigoule, plus connu sous le nom de Jules Romains, agrégé de philosophie et membre de l'Académie française, s'intéresse aux perceptions visuelles échappant aux canaux sensoriels connus dès le début du Xxème siècle. Il nomme ce phénomène « perception paroptique », ou vision sans le support de la rétine. Elle est fréquemment observée dans les états de somnambulisme. « En particulier, on a observé, ou cru observer, à diverses reprises, écrit-il, que certains sujets somnambules se guidaient avec une remarquable aisance, les yeux fermés ; ou même, ayant les yeux bandés, reconnaissaient avec précision des objets, des personnes, des signes écrits. » Mais si le philosophe reconnaît l'ampleur de l'œuvre de Jean-Martin Charcot dans l'exploration des états de somnambulisme, il regrette qu'elle ait imposé un « préjugé pathologique » aux phénomènes qui en découlent. Les observations qui échappent à la physiologie la plus élémentaire sont souvent considérées comme des artéfacts liés aux représentations imaginaires des patients. « La chose est attestée par des esprits sérieux, et semble avoir été soupçonnée depuis longtemps, assure pourtant Jules Romains. Le moins curieux n'est pas de constater combien elle laisse placides ceux qui la relatent. Les uns - médecins - s'en tirent en invoquant "le pathologique", notion commode dont on abuse si légèrement. D'autres cherchent au plus près une explication rassurante, et la fournissent en quelques mots. » Pour s'extraire de ces préjugés et faire de ces observations un « fait de laboratoire », il décide d'entreprendre ses propres expérimentations.
Sa première constatation est que les phénomènes en questions sont liés à un état de conscience différent de l'état usuel de veille. Il distingue ainsi le « régime alpha », ou état supposé normal de la conscience dans l'état de veille, et le « régime bêta », qui correspond à l'état d'hypnose, « singulièrement stable et riche en modalités ». L’objectif est donc de placer le sujet dans ce deuxième régime, afin que l'expérience puisse être menée à bien. Une fois les yeux bandés, il est soumis à un exercice de vision, à savoir la « lecture » d’un titre et d’un article de journal. Pour établir un contexte favorable et assurer les expérimentateurs de sa confiance, Jules Romains leur indique quelques gestes usuellement observés chez les voyantes, comme par exemple le fait de s'aider de sa main en balayant l'article à déchiffrer de l'extrémité des doigts. Ces gestes favorisent peut-être « l'effort mental et la concentration de l'attention ». L'attente commence alors. « Le sujet entra dans une certaine agitation, raconte l’écrivain, fit les gestes indiqués, parut fournir un effort intense, dont les signes extérieurs étaient multiples, hésita deux à trois minutes sans réussir à rien articuler, et enfin se mit à syllaber par saccades, mais correctement, le titre du journal, composé en lettres de trente millimètres de haut sur cinq millimètres d'épaisseur de trait. » L’individu ne se borne pas à épeler les lettres composant le titre, mais il prononce également une phrase qui, malgré sa formulation différente, a rigoureusement la même signification que le titre recherché. Ce fait curieux montre qu'il y a non seulement lecture de sa part, mais également interprétation personnelle ajoutée à la perception. A la fin de l'expérience, la personne est visiblement fatiguée et se plaint d’avoir été surmenée.
Romains réalise ainsi des centaines d'expérimentations dans un contexte de contrôle rigoureux. Ses conclusions sont d’autant plus affirmées que le protocole expérimental a été clairement défini : « Les faits que j'ai obtenus sont, sans exception ni réserve, des "faits de laboratoire". » Car cette fois, l'expérience est reproductible à l'infini. Les sujets « choisis » sont les « premiers venus » et ne sont en aucun cas sollicités en fonction d’une quelconque aptitude spécifique. Pourtant, tous obtiennent des résultats conformes aux attentes. Pour le philosophe, le phénomène est indéniable. « Il est même vraisemblable que tout homme est apte à le présenter dans certaines conditions », ajoute-t-il.
Jules Romains s'évertue ensuite à déterminer les lois caractéristiques de cette vision paroptique. Il décide tout d'abord d'isoler totalement l'individu de l'objet à visualiser. La vision naturelle nécessitant de la lumière, il faut interrompre tous les rayons lumineux pouvant relier directement le sujet à l'objet. Il conçoit pour cela des écrans amovibles et des boîtes obscures. Les résultats obtenus dans ces conditions demeurent sensiblement identiques. Les personnes flairent et reniflent spontanément lorsquelle doivent décrire des nuances colorées délicates à cerner - la perception de formes, elle, ne réclame pas une telle attention. Puisque la privation des narines diminue effectivement la qualité des résultats dans la description des couleurs, l’écrivain en conclut qu’il existe une sensibilité à la lumière et aux différentes colorations du spectre dans la muqueuse nasale. Différente de l'odorat, cette fonction serait donc d'ordre visuel.
Romains constate aussi que la notion des échelles de taille est conservée. Par exemple, lorsqu'un individu perçoit une lettre avant de voir le titre entier d'un article de journal, il peut préciser qu'il s'agit d'une « très grosse lettre ». Il ne découvre pourtant la cible de sa vision paroptique que très progressivement, lettre après lettre, et ne dispose pas d'une vue d'ensemble immédiate. Sa perception de l'échelle est donc intrinsèque et ne dépend que de ses notions acquises avec la vision classique.
Le philosophe repousse l'hypothèse de la transmission de pensée. Elle représente ses yeux un mystère aussi énigmatique que le phénomène observé lui-même. Il constate par ailleurs qu'il n'est nul besoin d'agent pour émettre, car dans certains cas, les sujets perçoivent une cible inconnue de lui-même jusqu'au dépouillement des résultats.
Comme Abramowski et quelques autres de ses prédécesseurs, Jules Romains observe une telle capacité d'apprentissage de la faculté de vision extra-rétinienne qu’il décide de l'expérimenter sur lui-même. Son ardent désir de conserver son esprit critique durant l'expérience l'amène à écarter la suggestion et l'hypnose, « car la mutation de régime, provoquée expérimentalement, n'a point de vertus miraculeuses. Elle est un procédé brutal, massif, elle change brusquement l'horizon de la conscience ». Il cherche à faire disparaître cette « violente discontinuité » en conservant la continuité de sa propre mémoire et la netteté de sa réflexion critique. Il atteint cet état « par une extension ou un approfondissement de la conscience ordinaire, sans rupture » et peut ainsi éviter les zones troubles décrites par le Dr Pierre Janet, périodes pendant lesquelles l'éclatement de la mémoire peut provoquer une dissociation de la personnalité. Un tel procédé n'est applicable, selon lui, que si le sujet connaît avec précision son degré de suggestibilité et conserve avec intégrité le « sentiment du réel ». Dans cet espace où tout est possible, le but est de tracer avec la plus grande netteté possible la frontière entre le réel perçu et l'imaginaire créé de toute pièce, afin d'en rapporter les informations recherchées.
Durant près d'un mois, Jules Romains entreprend ainsi une dizaine de séances consacrées à son propre apprentissage de la vision extra-rétinienne. Sa tâche consiste à « voir » un objet caché dans une boîte. Chaque séance dure environ une heure. Il s’achemine alors vers le sommeil les yeux bandés, sans toutefois quitter la lucidité critique de l'état d'éveil. L’imaginaire devant être maîtrisé, « on en est donc réduit à rechercher une sorte de "silence" de la conscience, écrit-il, et à épier dans ce silence le plus léger indice. » Mais quel type d'indice ? Sur quel point doit-il focaliser sa conscience ? Naturellement, il cherche mentalement dans son cerveau une perception inhabituelle pouvant correspondre aux informations délivrées par une vision extra-rétinienne, mais l'imagination prend instantanément le relais et produit des visualisations parasites. Après avoir chassé ces images, il poursuit sa quête du moindre indice. En tâtonnant ainsi, il explore pas à pas ce « no man's land » de la pensée et y découvre toute l'ampleur du concept d'attention. Pas l'attention du chercheur, capable de lire un volume de plusieurs centaines de pages de physique théorique, discursive et fouinant sans cesse les moindres recoins de la raison, mais une attention lente et immobile dans laquelle le sens profond dévoile le réel. Là, dans cette zone crépusculaire, l'imaginaire et la réalité se distinguent avec la plus grande clarté. Mais ils peuvent aussi s’y confondre dans le plus grande trouble pour peu que la volonté s'évanouisse en emportant avec elle la lucidité critique. Dans cet état, Romains comprend ce que les fakirs de l'Inde ou les chrétiens extatiques ont à enseigner au monde moderne. Il perçoit également la méthodologie à suivre pour parvenir au succès de ces expériences.
Son attitude tournée vers l'intérieur est vaine. « Il faut tout au contraire s'efforcer de voir hors de soi, précise-t-il, d'atteindre l'objet à la distance où il se trouve; il faut oublier qu'on a un bandeau, ne point penser à ses yeux, ni à aucun processus particulier de perception ; faire comme si on avait naturellement le pouvoir d'entrer en contact direct avec des choses extérieures présentes. », et obtient ainsi ses premiers résultats : « J'entrevis, non point avec netteté, mais avec une objectivité, une "extériorité" saisissantes dont on ne peut se faire une idée sans les avoir éprouvées, (…) la couverture jaunâtre d'une brochure (…), un sac de voyage à fermoirs nickelés (…) ». Après dix séances préparatoires, Romains entreprend vingt-et-une expérimentations dites subjectives. Les huit dernières se caractérisent par un élargissement remarquable de la fonction paroptique. L'importance de cette série réside dans le fait que la lucidité critique reste celle de l'état de veille habituel. Cela signifie qu'une telle faculté ne siège pas uniquement dans le régime bêta, regroupant hypnose, somnambulisme, sommeil et rêve. Elle est compatible avec la conscience ordinaire.
Bien entendu, la vision rétinienne occupe l'attention d'une manière si totale que la perception paroptique est difficile à obtenir. Le philosophe note à ce propos que ses sujets demandent à réajuster le bandeau sur leurs yeux afin d'éviter toute stimulation visuelle perturbant la concentration. Il doit même concevoir à leur demande un bandeau capitonné parfaitement opaque.
Puisque les états hypnoïdes n'ont pas le monopole de la faculté de perception extra-sensorielle, pourquoi l'homme éveillé n'en a-t-il jamais rien su ? Jules Romain pense que la fonction paroptique a pu précédé la perception visuelle classique. Peut-être même l'a-t-elle guidée dans son développement. Mais elle nécessite une grande concentration et « le genre d'attention requis est précisément le moins familier à l'homme de nos sociétés ». Il est donc envisageable que ces facultés aient disparues au profit des sens utiles au développement social, comme la vision, l'ouïe et le toucher. Quoi qu'il en soit, l’académicien sait que rien ne peut prouver l'existence de cette fonction dans l'histoire. « Chaque fois qu'un témoignage d'un lointain passé semble nous affirmer l'existence de quelque fonction mentale que nous ne possédons point, écrit-il, n'avons-nous pas la commode habitude de rejeter ce témoignage comme absurde ou légendaire ? » Connaissant les réactions conservatrices de la communauté scientifique, Romains développe alors un argumentaire rigoureux en faveur d'une étude du développement de la fonction paroptique chez les aveugles. Il est l'auteur des premières expérimentations en ce sens, mais le manque d'intérêt et de financement met fin à cette nouvelle voie de recherche. Elle tombera vite dans l'oubli.

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Jules Romains

La vision extra-rétinienne et le sens paroptique, recherches de psycho-physiologie expérimentale et de physiologie histologique

Gallimard, Paris, 1964
(première édition en 1920).

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Institut Métapsychique International.